Sérigraphie KAMIKAZE

Sérigraphie “KAMIKAZE” (66 X 86 cm). Série limitée et signée à vendre ----------------------------------------------PAUL ABRAHAM ART BLOG

la base aéronavale de Kanoya


le volcan Sakurajima sur la baie de Kagoshima
Samedi 28 mars 2015, basé à Kagoshima, la ville principale de la préfecture à l’ouest de la baie du même nom, je parts visiter le musée de la base aéronavale de Kanoya. C’est un lieu important dans mon parcours “Kamikaze”, il fut le point de départ des fameuses bombes humaines baptisées Ohka (fleurs de cerisiers). Je vais y passer la journée. La base se trouve au sud est de Kagoshima de l’autre côté de la baie. Un bus direct s’y rend (le #16) il embarque sur un ferry, c’est l’occasion de longer d’assez prêt vers le sud le volcan Sakurajima toujours en activité. 
Cela fait plusieurs jours que l’on scrute le volcan pour apercevoir une des éruptions quotidiennes. La ville de Kagoshima est régulièrement recouverte de cendres grises, lavée aussi souvent par les nombreuses pluies qui laissent des traînées noirâtres dans les rues. Difficile de s’assoir quelques part sans se tâcher. Nous sommes allés au sommet du volcan la veille. Noyés dans la brume, nous n’avons rien vus. 

Ce matin le ciel est généralement dégagé mais Sakura San est paisible, une grande montagne sans plus. À l’horizon le ferry croise l’hovercraft de Yukushima qui file vers l’île du même nom, lieu magique dont la flore inspira à Hayaho Misayaki son animé : Princesse Mononoke. 


Après 1h40 de voyage j’arrive à la base. Les cerisiers commencent à peine à fleurir. D’un côté se trouve le musée et de l’autre la base (encore active) des forces Japonaises d’auto défense qui a canalisé depuis la défaite japonaise de 1945 l’énergie guerrière des mâles japonais (Yukio Mishima *). 
La ville de Kanoya est située dans une vallée très plane entourée d’un mur de montagnes qui bordent la côte. Le paysage est assez dénudé, un site idéal pour une base aéronavale. Le musée consacre une grande partie de ses expositions au bataillon Jinrai Butai (Dieux du Tonnerre) qui était cantonné à Kanoya et qui était composé de bombardiers et de bombes-avion Ohka. Dans une des salle, un tableau illustre l’avion-mère (surnommé  “Betty”) portant sous son ventre le missile Ohka. En regardant l’arrière plan on a une bonne idée de ce à quoi la base et le paysage environnant ressemblaient à l’époque.


Les Ohkas :
La science de l'impact
Le programme Ohka a été développé afin de rendre les mission suicides aérienne plus efficaces. Effectivement l’avion de chasse Mitsubishi zéro ne pouvait qu’atteindre en piquée la vitesse de 300 à 350 km heure maximum, il restait trop vulnérable et facile à abattre par la flotte ennemie une fois la surprise des premières attaques passée. 

reconstitution d'un Ohka à taille réelle - Musée Yushukan, Tokyo


US Personnel conduct a warhead disassembly on a captured Yokosuka 
MXY7 Ohka in 1945 (1,200 kg / 2,646 lb ammonal warhead)

Au contraire le Ohka avec ces trois moteurs fusées pouvait atteindre en piquée la vitesse de 1000 km heure, impossible alors de l’intercepter. La moitié de l’engin était une bombe de 1200 kg prévue pour couler un porte-avion. Son défaut par contre était sa faible autonomie de 37 km, il fallait donc un avion cargo (lent) pour le transporter et des avions de chasse pour protéger l’ensemble. Une fois larguée la bombe–avion planait vers la cible, le pilote enclenchant les fusées dès qu’il était assez près.  J’ai lu sur un des sites Web cités plus bas que le cockpit du Ohka était verrouillé de l’extérieur empêchant le pilote de sortir. Le MXY7 Ohka modèle 11 (le seul utilisé pendant la guerre) construit à 755 exemplaires avait une ossature en métal et une carlingue et des ailes en contreplaqué recouvert de tissus, il était équipé sommairement de 4 instruments de vol. Les japonais avaient plusieurs modèles à l’étude, dont un qui pouvait être lancé par une catapulte d’un sous-marin ou d’une grotte côtière.

Base de Kanoya, pilotes avant le départ , dans le fond : bombardier “Betty” transportant un Ohka
La plupart des missions Ohka seront dirigée vers l’île d’Okinawa en Avril 1945, en tout (sources américaines Wikipédia) 80 bombardiers “Betty” par groupe de 2 à 11 avions attaquerons la flotte alliée à Okinawa. Les GI en découvrant le premier Ohka le surnommèrent Baka (idiot) c’était le premier avril (Fool’s day pour les anglais) un surnom prédestiné …
Le 21 mars 1945, presque jour pour jour 70 ans avant ma visite, l’aéronavale japonaise lança la première attaque du 321ème escadron des dieux du tonnerre, 18 bombardiers “Betty” transportant 16 Ohkas escorté par 30 avions de chasse. 
Banzaï ! dessin inspiré par une photo d'un instructeur montrant au jeune pilote comment
se fracasser sur la cible ennemie.

Ce fut un défaite, l’ensemble de l’escadrille fut anéantie bien avant d’atteindre sa cible par la défense aérienne américaine. L’état major japonais décida alors d’envoyer des plus petits groupes pour les prochaines missions sur Okinawa afin d’éviter leur détection. Dans l’ensemble le programme fut désastreux, cette bombe humaine n’aurait coulé qu’un navire américain et endommagé quelques autres, 6 à 7 navires tout au plus.  La totalité des avions japonais furent détruits. Au total les pilotes Kamikazes japonais tous moyens confondus auraient coulé 50 navires alliés, quand on sait  que la flotte d’invasion d’Okinawa comptait 1400 navires, cela donne un taux de réussite de 3.58 % …

Vitrine musée de Kanoya  - drapeau de la marine japonaise
maquette de Ohka - Musée de Kanoya
Affiche de propagande - Musée de Kanoya
Aquarelle d'après la statue du pilote en bronze
du musée de Kanoya
Le musée de Kanoya expose de nombreux documents concernant les Ohkas, modèles réduits, moteur fusée, photos et artefacts. Malheureusement pour voir une reproduction à taille réelle d’un Ohka il faut aller au musée Yushukan de Tokyo (photo ci-dessus). Comme les autres musées sur le sujet, de nombreux artefact ayant appartenus aux pilotes, leurs lettres d’adieu sont exposés et il ne faut pas oublier l’exemplaire authentique du Mitsubishi Zéro fierté de l’ingénierie japonaise qui trône dans tous ces musées à une place stratégique. 
C’est ici aussi qu’on peut visionner des rares vidéos assez impressionnantes des départs en mission des jeunes pilotes sur les visages desquels ont lit le désespoir et la peur (Voir images bas de la page de Kaseda). Dans la salle principale j’ai été étonné par la statue en bronze d’un très jeune pilote Kamikaze se tenant au garde-à-vous : il me faisait penser à un personnage de manga avec ses yeux à l’occidentale, son expression exagérément apeurée. Un jeune “bishonen” échappé d’une scène de Kabuki ou de manga pour adolescent perdu (C’est un peu le sentiment que j’éprouvais aussi), débraillé, les lunettes de travers au milieu de ce musée à la gloire de la guerre. Dans les jardins autour du musée sont exposés des avions, hélicoptères, hydravions des années 50 à aujourd’hui de la force d’auto défense japonaise. Parmi ces engins il y a une curiosité de la deuxième guerre mondiale, un hydravion de Type 2 qui servit d’avion de tête dans des missions, transportant 12 hommes d’équipage. Cet avion avait été ramené par les américains aux USA pour l’étudier, ils le rendirent aux Japonais en 1979. (Ci-joint quelques images de l’avion). Je fini ma visite du musée en achetant quelques souvenirs, un bandeau de tête et un zéro en carton et balsa avec propulseur élastique … 

Hydavion type 2 - Musée de Kanoya
Vue en coupe - Musée de Kanoya
En attendant le bus du retour sur un banc pas loin de la base, assis à côté de moi un architecte japonais avec son petit fils sont venus de Fukuoka en Shikansen pour la visite d’une journée. Il parle anglais et il est étonné de voir un occidental dans ce lieu. Comme tous les japonais rencontrés, même brièvement, il me propose que l’on pose ensemble pour la photo. Son petit fils rechigne à servir de photographe mais l’architecte qui a plus d’un tour dans son sac à dos en sort un trépieds et une télécommande. Le tour est joué ; “cheese !”


le volcan Sakurajima se réveille
Baie de Kagoshima retour de Yakushima
Sur le ferry du retour, surprise ! Sakura San a éternué ! Un épais nuage de fumée sort du cratère, sans bruit elle s’entasse dans le ciel, c’est impressionnant. De l’autre côté de la baie devant Kagoshima c’est la fin de la journée, l’hydrojet de Yakushima rentre au port.

Lien vidéo : éruption du volcan filmée du bateau, désolé pour le mal de mer !  https://youtu.be/do0HQndxOnA
Mishima est convoqué par l'armée japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale mais prétend souffrir de tuberculose, ce qui lui permet d'échapper à la conscription. Bien qu'il fût soulagé d'avoir échappé à la guerre, il se sentira coupable d'avoir survécu et raté la chance d'une mort héroïque.
Dans les années 1960, il exprime des idées fortement nationalistes. En 1967, il s’engage dans les Forces d'autodéfense du Japon puis forme la milice privée Tatenokai (« société du bouclier ») destinée à assurer la protection de l’empereur. Wikipédia.

Sources : 
Musée de la base aéronavale de Kanoya
Musée Yushukan de Tokyo 
Site Web Wikipédia ; The Yokosuka MXY-7 Ohka 
Site Web World War II Database
http://ww2db.com/aircraft_spec.php?aircraft_model_id=379
Site Web Kamikazes images :
http://www.kamikazeimages.net/museums/kanoya/index.htm                                               PAGE SUIVANTE