Norman Ramsey signant sa création : Fat Man - atomicheritage.org |
Difficile de ne pas réagir au fait que les américains aient baptisés leur Bombes “little boy” ou “Fat man” une façon certainement de déculpabiliser les jeunes GI qui de leur île des Mariannes, bronzés bien nourris torse nu et en short, s’apprêtaient à envoyer la mort sur des milliers de civiles. https://www.youtube.com/watch?v=pXD_fzrcE20 : ce film tourné sur Tinian Island montre les préparatifs du bombardement atomique d’Hiroshima et Nagasaki. Le physicien Norman Ramsey responsable de la conception des bombes mettant lui-même la dernière main à l’esthétique de l’engin nucléaire en signant de sa main son œuvre comme le ferait un artiste est un témoignage hallucinant qui illustre bien l’état d’esprit des militaires américains à l’époque.
Musée de la bombe atomique de Nagasaki |
Aujourd’hui les petites armes nucléaires américaines atteignent un ratio de 600 à 2200 kT de TNT par tonne, 30 à 100 plus puissantes que “Fatman”. La Russie et les Etats-Unis possèdent 93% de l’arsenal nucléaire mondial. *
La “vérité” historique à propos de la bombe atomique
J’avais entendu lors d'une émission de radio sur le sujet que la vérité historique est toujours celle du vainqueur et que la motivation première des USA de larguer leurs deux bombes sur le Japon n’était pas comme le disait Truman pour sauver de nombreuses vies de jeunes soldats américains mais pour faire peur aux Russes ! En creusant sur ces affirmations j’ai découvert que le désir de réécrire l’histoire n’est pas seulement l’apanage des japonais, les américains seraient encore plus forts.
Voici un extrait d’un article parut dans le monde2 qui éclaircit mon propos : “ Si ce qu’il fallait cacher, c’est que la bombe n’était nullement nécessaire pour obtenir la capitulation du Japon ? C’est ce que prétend l’école historique (Nord) américaine dite « révisionniste »( W.A Williams, G. Kolko, G. Alperovitz, J.R.Pauwells (Historien canadien) *** . Il aurait suffi de deux conditions pour que la reddition soit obtenue sans délai : que le président Truman insiste pour que l’Union soviétique déclare sur le champ la guerre au Japon ; que les Américains promettent de laisser l’empereur en vie et en fonction. Truman a refusé l’une et l’autre conditions. C’était à la conférence de Potsdam qui a débuté le 17 juillet 1945. La veille, le président avait reçu la « bonne nouvelle » : la bombe était au point, l’essai couronné de succès d’Alamogordo, au Nouveau-Mexique, l’avait démontré brillamment. Les Américains ont poussé les feux nucléaires, non pas pour obliger le Japon à se rendre au moindre mal, mais pour impressionner les Russes. Une mise en jambes pour la guerre froide et une abomination éthique.
La bombe existait, elle ne pouvait qu’être utilisée.”
La multitude des sources dignes de confiance étayant cette hypothèse ne laisse pas beaucoup d’ambiguïtés sur les réelles motivations des américains en 1945. Pour ma part j’aurais tendance à penser que l’hypothèse “révisionniste américaine” est la bonne. J’ai pu très bien imaginer au cours de mes recherches et mon voyage que le Japon de 1945 était vraiment très affaibli moralement et militairement d’une part ; aviation et marine complètement détruite, famine, maladies, bombardements etc … D’autre part le gouvernement militaire Japonais qui contrôlait l’empereur était prêt à sacrifier tous les japonais jusqu’au dernier plutôt que de se rendre. Ce n’est pas les bombardements de Hiroshima et Nagasaki qui aurait poussé le Japon à la capitulation, les japonais avaient déjà subit le 10 mars 45 le bombardement “conventionnel” sur Tokyo qui fit 120 000 morts et détruisit 40 kilomètres carrés de la ville en une nuit… Les Japonais plaçaient tous leurs espoirs sur une mission de paix menée par l’Union Soviétique et le prince Fumimaro Konoe. Hors Staline devança sa déclaration de guerre au Japon le 8 août annihilant du même coup toutes possibilités pour le Japon de négocier une reddition conditionnelle. Le conseil impérial pris à la gorge accepta donc la capitulation sans condition le 14 août. Rien ne prouve que les bombes atomiques aient déclenchés cette capitulation, elles ont tout au plus précipité la décision de l’Union Soviétique de déclarer la guerre au Japon (le 8 août au lieu du 15 prévu) et donc poussé les Japonais à capituler un peu plus tôt, “d’après les Archives nationales américaines, l’empereur du Japon décide, le 20 juin 1945, de cesser les hostilités. Le 12 juillet, un émissaire japonais officiel est chargé de discuter les bases d’une reddition conditionnelle. Même si le cabinet de l’empereur et l’état major sont divisés, le gouvernement nippon suit et attend l’issue de ces négociations ” 1 …
Musée de la bombe atomique de Nagasaki - Globe terrestre illustrant l'importance de l'arsenal nucléaire par pays suivant la taille du champignon atomique ... |
1 : Tsuyoshi Hasegawa, historien américains spécialiste du sujet, qui a analysé les archives américaines.
2 : Penser l’impensable destruction nucléaire article de Jean-Pierre Dupuy philosophe, le Monde 03-08-2015
* https://fr.wikipedia.org/wiki/Puissance_des_armes_nucl%C3%A9aires
** http://www.atomicarchive.com/Docs/MED/med_chp8.shtml et http://www.atomicheritage.org/history/bombings-hiroshima-and-nagasaki-1945
*** Article intéressant : http://www.mondialisation.ca/la-destruction-de-lhumanite-a-hiroshima-et-nagasaki-la-vraie-verite/5468193?print=1
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